Le service de cardiologie interventionnelle de l’hôpital universitaire Charles-Nicolle franchit une étape importante. Le Dr Habib Ben Ahmed, responsable de la salle de cathétérisme cardiaque, a annoncé la réussite des premières interventions en Tunisie utilisant la lithotripsie intravasculaire (IVL) — une technique d’ondes de choc spécifiquement conçue pour fragmenter les calcifications des artères coronaires.
Qu’est-ce que la lithotripsie intravasculaire (IVL) ?
L’IVL est une technique de pointe qui emploie un ballon muni d’émetteurs d’ondes de choc à basse énergie. Ces impulsions ciblées cassent les dépôts calcaires incrustés dans la paroi artérielle, rendant possible une dilatation efficace et sûre de l’artère avant la pose d’un stent médicamenteux. Contrairement aux méthodes plus agressives, l’IVL préserve les tissus sains et réduit les risques liés à l’intervention.
Deux interventions réussies : témoignage d’un savoir-faire local
Selon le Dr Ben Ahmed, deux opérations ont été réalisées avec succès, dont une pour une patiente de 82 ans présentant des calcifications coronaires sévères. Les deux procédures se sont déroulées sans complication notable, illustrant la maîtrise tant technique que logistique de l’équipe (cardiologues interventionnels, anesthésistes et infirmiers spécialisés).
- Insertion d’une sonde/cathéter munie d’un ballon spécial jusqu’à la lésion.
- Activation des ondes de choc pour fragmenter la calcification.
- Pose d’un stent médicamenteux pour rétablir et stabiliser le flux sanguin.
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Avantages cliniques et bénéfices pour les patients
L’introduction de l’IVL au sein d’un hôpital public tunisien offre plusieurs bénéfices : réduction des risques per-procédure, amélioration du succès d’implantation des stents dans les artères fortement calcifiées, et possibilité d’offrir une option thérapeutique adaptée aux patients âgés ou polymorbides qui, auparavant, auraient eu recours à des techniques plus risquées ou à des transferts à l’étranger.
Limites actuelles : coût et disponibilité
Malgré son efficacité, l’IVL reste une technologie coûteuse. Le Dr Ben Ahmed a souligné que la Tunisie ne dispose actuellement que d’environ quatre appareils capables de réaliser cette procédure. Cette rareté freine la généralisation de la technique à l’échelle nationale et impose des priorités d’utilisation dans les centres les mieux équipés.
Pourquoi les calcifications coronaires posent-elles problème ?
Les calcifications rendent la paroi artérielle rigide, compliquant l’expansion d’un ballon et la pose d’un stent. Elles sont plus fréquentes chez les patients âgés et chez ceux atteints de facteurs de risque tels que le diabète, l’insuffisance rénale chronique, l’hypercholestérolémie ou l’hypertension. Traiter efficacement ces lésions réduit les risques d’échec thérapeutique et d’événements cardiovasculaires ultérieurs.
Impacts possibles pour la cardiologie tunisienne
- Renforcement des capacités du secteur public à offrir des soins de haut niveau.
- Opportunités de formation pour les cardiologues interventionnels tunisiens.
- Potentiel d’étendre l’accès via des partenariats, financements et programmes nationaux.
- Stimulation de la recherche clinique et des protocoles locaux adaptés aux profils de patients tunisiens.
Perspectives
Le succès de ces premières interventions pourrait inciter d’autres centres à s’équiper et à former leurs équipes. Pour que l’IVL devienne plus accessible, il faudra des efforts coordonnés : investissements publics, dialogues avec les fabricants pour des solutions de coût adaptées, et plans de formation continue. Sur le plan clinique, l’intégration progressive de l’IVL enrichira l’arsenal thérapeutique contre les lésions coronaires complexes.
La réussite des premières interventions IVL à l’hôpital Charles-Nicolle constitue une avancée majeure pour la cardiologie interventionnelle en Tunisie. Elle démontre que l’hôpital public peut adopter des technologies internationales de pointe au bénéfice des patients. Malgré les défis financiers et logistiques, cette percée ouvre un horizon prometteur pour la prise en charge des maladies coronaires complexes dans le pays.